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Photo du rédacteurMireille Allaire

La Graciosa, Ile Canarie

Nous avons quitté Agadir et le Maroc le 29 novembre 2019. Nous avions une belle fenêtre météo pour les Canaries. La semaine précédente, Julia, une amie allemande rencontrée à Agadir nous avait envoyé quelques messages de l’ile de La Graciosa nous disant comme elle est belle, la marina n’est pas pleine, venez! Une permission spéciale est nécessaire pour venir en voilier dans cette ile qui est entièrement un parc national depuis 1986. Pour faire la demande nous devons envoyer un courriel en espagnol à la bonne personne (Pedro) avec les papiers du bateau et photo de nos passeports. Cette permission nous a été accordée, nous partons donc pour La Graciosa!

Nous nous sommes rendu compte que nous connaissions beaucoup de monde à Agadir, notre comité de départ était plein! Moi qui déteste les départs, j’avais hâte que le douanier nous ramène nos passeports pour qu’on largue les amarres. Un autre bateau suédois a décidé de partir avec nous alors c’est un départ enfin vers les 11am.

Une belle traversée sans encombre. Après quelques heures, nous avons perdu nos amis suédois, ils avaient pris une course plus au nord-ouest que nous. La nuit est arrivée rapidement, le soleil se couchant vers les 18h et ne revient que vers les 7h le lendemain. 13 heures de noirceur, c’est long! La lune s’est aussi couchée vers les 20h donc deux nuits entièrement consacrée aux étoiles. Et je vous dis qu’il y en avait des tonnes! Nous sommes plus au sud que notre traversée l’an passé alors il y avait des étoiles qu’on ne connaissait pas et d’autres dans des endroits différentes. Et des étoiles filantes, dont une qui a explosé en mille miettes dans mon dos. Eric l’a vu et moi j’ai cru voir un éclair en arrière de mon épaule. Enfin, même si la nuit est longue, on ne se lasse pas de regarder les étoiles et nous étions chanceux, aucun nuage.

Dimanche Matin se comportait comme un charme. On dirait qu’il était content de reprendre la mer au lieu de se faire manger le dessous par des crustacées. Après 50 heures de navigation, nous avons rentré à port dans la marina de La Graciosa, Caleta del Sebo. Ici, aucun douanier alors on est à nulle part sur notre passeport. Nous avions demandé une permission d’une semaine mais avons fait une extension et resterons 10 jours. C’est tellement beau, c’est interdit de pêcher commerciale autour de l’ile alors il y a des poissons partout. Les maisons du village sont blanches et basses à cause des vents qui soufflent toujours ici. Et il n’y a pas d’eau douce, ils doivent la faire venir de Lanzarote, l’ile à coté avec un pipeline depuis 2001. Le wifi arrive avec le traversier et disparait lorsque le bateau repart. Nous devons donc planifier nos recherches internet, le traversier n’étant ici que 15 minutes pour débarquer et embarquer des passagers.



L’ile ne fait que 27 km2 et on ne peut se déplacer qu’à pied, vélo ou avec un guide et les quelques 4x4 qui sont ici. Nous visiterons donc en vélo et avec nos 2 jambes.



Nous passons les premières journées à nous reposer et à remettre le bateau en mode marina. Car, lorsqu’il est en mode traversée, c’est le bordel. Nous visitons le village qui contient environ 700 âmes, quelques restaurants, un supermarché, un boucher et une poissonnerie toujours fermée. La poste est ouverte de 11-13 heures seulement. La pharmacie? De 11-14 h. Les restaurants? Midi-16h ensuite 20-22h. Nous sommes bel et bien rendus en Espagne!

J’en profite et j’achète un kilo de jambon! Après trois mois à manger du faux jambon à la dinde, il est bon!!!! La bière et le vin sont à un prix dérisoire, nous remplissons le réfrigérateur. Nous trouvons même un petit gin d’Espagne à 10 Euros le litre!



Nos amis allemands sont contents de nous voir arrivés et nous prenons une grande marche avec eux pour aller voir la plage des Français (c’est vraiment le nom de la plage). C’est magnifique : l’eau transparente, le volcan un peu plus loin qui grâce à lui, le sable du Maroc se dépose ce qui fait une plage digne des caraïbes. La mer par contre est froide : 21C, on est quand même en décembre. Nous décidons de louer en groupe des vélos et faire le tour de l’ile avec un piquenique. Ils voyagent avec leur fille de 16 ans mais la deuxième, celle qui a 20 ans les rejoints demain alors nous serons un groupe de 6 à vélo.



Cette ile a seulement 2 petits défauts : il vente tout le temps, un vent froid du nord qui transporte le sable du Maroc. Un vent à écorner les bœufs et à mettre en boule mes cheveux. Et, en décembre, il fait frais, entre 17-19C le jour et la nuit. Son deuxième défaut est la douche, qui ne contient que de l’eau froide. Et je peux vous dire qu’elle est frette en titi! Pour avoir un peu d’eau chaude, on peut prendre notre « douche » sur le ponton avec le tuyau d’arrosage qu’on a laissé au soleil mais on est exposé au vent dans ce cas-ci. Rien n’est parfait… mes cheveux resteront en boule pendant 10 jours.

Nous partons en groupe visiter l’ile à vélo. Quelle est belle! Une ile désertique avec que des volcans et du sable. Des petites touffes de végétation à épines un peu partout. Il parait que c’est le seul village en Europe qui n’a pas d’asphalte. Que du sable dans les rues et routes. Nous avons un vélo de montagne à grosses roues dégonflées mais Stephan (l’allemand) pique une fouille en roulant dans un pit de sable mou. Heureusement, il ne s’est pas fait mal et Julia et moi l’avons vu tomber alors on s’est arrêté et avons passé ce point à piedJ. Eric et les jeunes ont traversé le pit à une vitesse fulgurante et n’ont pas tombé.



Les jours suivants, Eric et moi passons nos journées à monter un volcan ou prendre une grande marche sur les plages. Vers 15h45, une petite bière au bar près du traversier et 15 min d’internet. Le soir nous allons voir les allemands pour un dernier drink, ensuite un petit netflix et dodo.



Pour notre prochaine destination, nous voulions aller à la marina d’Arrecife mais je viens d’avoir un refus de ma réservation. Il n’accepte pas les bateaux de moins de 10 mètres…. Que faire? Il y a une autre marina, Puerto Callero qui nous accepte mais c’est 28 euros par jour! Il y a aussi un petit port de pêche, Puerto Del Carmen mais c’est impossible d’avoir une place il parait. Je me lève tôt et décide d’aller discuter avec notre maitre de port (Pedro) de notre situation. Il n’est ouvert que de 7-11am. En plus, je pratique mon espagnol, Pedro ne parlant que cette langue. Super gentil, Pedro m’explique que le maitre de port de Puerto Del Carmen est son ami et il l’appelle sur son cellulaire. Eureka! Nous avons une place du 11-27 décembre! A 6.30 euros/jour. Bon, il parait qu’il n’y a pas de douche mais ça ne peut pas être pire qu’ici et, de toute façon, nous entendons souvent des « Il parait » qui s’avère faux.

Après 10 jours de calme, de marche et d’être avec « El grupo », nous partons demain matin tôt vers Puerto Del Carmen. Ce n’est que 30 miles nautique mais nous aimons arriver tôt à notre prochain port pour remettre Dimanche Matin en mode marina. Et il annonce moins de vent vers 5am, ce vent qui sera dans notre nez pour 5 miles le temps de sortir d’un chenal, s’appelant « El Rio » entre La Graciosa et Lanzarote. Il est temps aussi de se remettre sur la carte et passer aux douanes, en espérant que notre arrêt à La Graciosa ne nous causera pas de trouble. Un arrêt que nous avons apprécié grandement. Quelle belle île!

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