Maroc, Première partie
- Mireille Allaire
- 23 oct. 2019
- 9 min de lecture
Cela fait plus d’un mois que nous sommes arrivés à Agadir. Nos deux premières semaines nous les avons passés à agrandir notre rond. C’est notre petite routine lorsque nous arrivons dans un nouveau port. Les premières journées, nous marchons à pied autour de la marina, histoire de voir les boutiques, de se reconnaitre et de « faire notre territoire ». Ensuite, notre rond s’agrandit. Nous marchons de plus en plus pour finalement prendre le transport en commun.
Nous savons maintenant où aller faire notre grosse épicerie (Marjanne) et petite épicerie (souk), où acheter des pièces (une quincaillerie s’appelle ici une « droguerie »), où prendre une marche agréable en fin de journée : la plage côté mer car de l’autre côté, on se fait harceler par les marchands.

Agadir est une ville moderne sans grand charme. La plage, longue de 9 km, pourrait être magnifique s’il n’y avait pas tout ce plastique qui traîne partout. Les belles plages de la terre se font de plus en plus rares, les humains ayant le don de gâcher tout…Une chance le roi Mohammed VI a aboli les sacs de plastique! Au Maroc, ce sont des sacs en tissu que nous recevons au dépanneur. Au supermarché? On apporte nos sacs OU on achète des sacs réutilisables. Une bonne chose mais pas assez pour la plage d’Agadir. On voit surtout des bouteilles, des bouchons et autres contenants de liquide qui atterrissent pendant la marée haute.
Après deux semaines à Agadir, nous partons pour un périple de 3 semaines dans ce pays au milles contrastes. Notre moyen de transport? Une fiat Panda, une auto populaire ici. Nous partons pour Essaouira par la petite route. Depuis 2013, les autoroutes ont apparu dans tout le Maroc mais notre but est de visiter alors « Avoid highway » sur google map!
Essaouira est une ville côtière qui veut dire : vent fort. Et je le crois : il vente à écorner les chèvres! Ces chèvres que l’on voit partout sur notre route en train de manger les noix des arganiers. J’en profite pour m’acheter de l’huile d’argan pour mes cheveux :) . Notre chambre est dans la médina donc nous devons stationner l’auto à l’extérieur et marcher avec nos bagages jusqu’à notre maison d’hôte. On ne trouve pas, c’est comme un labyrinthe ici. Enfin, nous appelons la maison et le proprio vient nous chercher. Ils sont fin quand même! Nous avons une belle chambre avec petit déjeuner maison. Nous nous promenons dans cette médina construit spécifiquement pour que le vent se perde et disparaisse. Il y a un port de pêche qui pue le poisson pas frais et où des centaines de bateaux de pêche s’entassent en attendant la nuit.



Le Maroc étant un pays musulman, l’accès à l’alcool est un peu compliqué. Il y a des restaurants de touriste qui vendent de la bière et du vin mais c’est cher! 50 dirhams (5 euros) pour une bière…. Eric trouve sur google un « bar pas cher » dans la médina et me convainc d’aller y prendre une bière/verre de vin. Nous arrivons : aucune pancarte, c’est comme un bar clandestin. Nous rentrons : ça sent le vieux tabac, néon, musique marocaine et une quinzaine d’hommes cachés dans les coins qui boivent de la bière. Aucune femme…. Je me sens regardé. Je crois que c’est ici que j’ai bu le plus vite possible ma demi-bouteille de vin! Je ne me sentais vraiment pas à ma place… Même Eric n’a pas trop aimé. Enfin, nous avons eu notre alcool pour pas trop cher.
Après deux jours à Essaouira, nous partons pour les Atlas, cette chaine de montagne Marocaine. Nous roulons toute la journée vers l’est et la température monte à mesure que nous avançons. Une chance, nous grimpons en altitude alors c’est tolérable. Nous arrivons à l’hôtel « La bergerie » dans la montagne. C’est magnifique avec les jardins et tout… Je n’ai pas réservé car nous sommes hors saison mais je vois sur booking qu’il reste des chambres de libre… Le gars nous offre une chambre pour le double de booking…. Stupide qu’on répond, on va juste réserver avec booking et l’avoir à moindre prix? Oui oui, il s’en fout ce n’est pas le proprio et la proprio est européenne mais elle n’est pas la et, pour lui, c’est moins compliqué… Ok, nous réservons la chambre la moins cher. Mais elle est trop loin dans le complexe alors il nous donne une chambre avec balcon et grand lit, plus près de la salle à manger. Y a-t-il d’autres vacanciers? Non, nous sommes seuls ici. Il y a une piscine, on se baigne. Le soir, nous mangeons une tagine dans la salle à manger du restaurant. On dirait que nous avons réservé l’hôtel au complet… Le lendemain, nous changeons d’endroit pour une maison d’hotte, histoire de voir du monde un peu. Nous sommes dans un petit village… personne d’autre que nous dans la maison. On est dû pour entre seul on dirait! Nous nous promenons en voiture toute la journée. C’est beau la montagne, il y a même des rivières qui coulent! Nous nous retrouvons au centre de ski… Saviez-vous qu’on peut faire du ski alpin au Maroc?

Dernière journée avant Casablanca, nous dormons dans un bled non touristique qui s’appelle Ourika. Je réserve sur booking une chambre mais on se retrouve finalement dans un appartement au centre-ville. Nous avons une cuisine pour nous! Nous décidons d’aller acheter des trucs et de faire notre souper. Nous découvrons des prix hors touriste : 1 dirham pour un œuf (10 cents), 1 dirham pour 2 oranges, tout est à un dirham. Nous nous faisons une belle omelette berbère avec jus d’orange fraichement pressé pour moins de 3$. Enfin un prix qui a du bon sens. Le matin, notre hôte arrive avec le kit à petit déjeuner et nous cuisine notre petit déjeuner. Pendant que nous nous préparons à partir, il descend et lave notre auto!
Petite parenthèse pour dire que les prix au Maroc sont beaucoup plus élevés que je m’attendais. Ici, impossible d’avoir une chambre avec salle de bain privée pour moins de 30 euros. Le souper est toujours min 8-10 euros/personne, sans alcool. Les petits déjeuners? 4 euros/personne. Enfin, c’est plus cher que l’Asie!
Nous arrivons à Casablanca. Ici j’ai réservé un appartement airbnb car mon père arrivera demain et nous serons maintenant 3 dans notre périple. La conduite automobile à Casablanca est d’une intensité limite de crise cardiaque. Il y a des autos partout, la loi du plus gros fait office de décision au coin de rue et les piétons, ânes, cheval sont omniprésent partout. C’est la galère quoi! Nous réussissons à nous rendre à l’appartement sans se faire rentrer dedans, un exploit! Je stresse en pensant que nous devons nous rendre à l’aéroport demain très tôt et qu’il fera encore nuit. Nous cherchons un endroit pour acheter de la bière sur internet… rien. Une petite marche? Nous trouvons tout prêt de notre appartement un liquor store. Les marocains rentrent et sortent de cet endroit avec une face de carême. On dirait que ce n’est pas bien vu ici…. Enfin, nous achetons quelques bières et du vin car après notre expérience à Essaouira, mieux vaut boire chez nous.
Le lendemain, Denis arrive de Montréal. Il a trouvé le voyage long et bougonne sur Air Canada. Nous revenons à notre appartement sans encombre, un miracle. Dans l’après-midi, nous partons visiter la mosquée Hassan II en taxi. Elle est magnifique. Le soir, un souper dans un bon restaurant marocain. On revient tôt dans notre appartement. Demain, nous partons pour Meknes : fini la grosse ville!

Nous nous rendons compte que Denis ne marche pas plus de 300 mètres sans grommeler que c’est loin. Nous changerons donc nos plans et ferons plus de route et moins de visite avec nos pieds. Ce n’est pas grave car rien n’est réservé d’avance.
A Meknes, nous visitons cette ancienne cité avec une calèche. Cette ville a déjà été la capitale du Maroc. Il y a toujours le palais impérial avec les écuries qui contenaient plus de 20 000 chevaux. Le roi de l’époque était la terreur des européens car ils les capturaient et les faisaient esclaves. Il a même construit une prison qui contenait plus de 40 000 esclaves. Il a eu 9 femmes officielles et plus de 500 enfants!


En fin de journée, pendant que Denis fait sa sieste, nous allons nous promener dans la ville et nous voyons un « pub ». Eric insiste, les critiques sur google sont bonnes, bon ok! Nous entrons, ça sent le vieux cigare, personne. Nous décidons de nous asseoir au bar, impensable d’avoir une terrasse ici et de boire en public! Je commande un rhum/coke. Pas de rhum. Une vodka/jus d’orange? Pas d’orange. Un verre de vin? Le vin est à la bouteille et pas au verre. Gin? Tonic? Oui! Enfin, je m’apprêtais à commander un thé! Interdiction de boire sans manger alors le barman nous apporte aussi des arachides et du concombre en tranche. Un verre et c’est assez!
Le lendemain nous visitons Volubilis, une ancienne ville romaine. Denis décide de rester avec ses nouveaux amis du café pendant que nous marchons sur le site. C’est plein de touristes arrivés en bus. On prend notre mal en patience et parcourons ce site de 4 hectares. Il est reconnu pour ses mosaïques, les planchers de maison avec des dessins. Un guide appelait cela des tapis romains… Et elles sont encore belles!


Ce matin, départ pour Zaida, une ville à mi-chemin de Merzouga, le désert. Nous roulons pendant plus de 5 heures, avec arrêt obligatoire pour lunch : tagine. Ce soir, Denis est content : notre hôtel est au centre-ville et il peut aller prendre un thé sur le coin de la rue en regardant la vie. Nous mangeons une bonne tagine avec des brochettes pour souper.
Merzouga est situé sur le bord d’une dune de sable. Ici, il fait chaud! Il parait que le soir c’est froid le désert? Pas ici! Le soir, ça descend à 21C… Je ne considère pas cela froid! Une chance nous avons une chambre avec climatiseur. Nous partons prendre une marche dans la dune en attendant le coucher du soleil. Ce soir? Tagine pour souper.

Nous repartons le matin vers Mhamid, petit village plus au sud qui n’a la route que depuis quelques années. Nous décidons de faire le chemin en deux jours et dormons à Zagora. Après quelques heures de route, enfin rendu à Mhamid. On se retrouve dans une Kashbah (genre d’auberge avec mur autour) d’un européen. Bon je ne le savais pas, je trouve cela un peu plate car nous préférons encourager les entreprises du pays mais bon… Il nous explique un peu la vie ici… pas facile. Les nomades sont rendus sédentaires sauf pour environ 9 familles. L’eau est la denrée rare et le sable est partout. A la moindre goutte d’eau, un palmier de datte est planté. Les berbères n’ont pas besoin de beaucoup de chose pour être heureux : des dattes, un foulard et un tamtam. Les femmes? Travaillent dure et s’occupent des enfants.

Nous avons réservé un tour en 4x4 dans le désert. Nous partons de Mhamid et roulons pendant 60 km dans le désert pour arriver à la dune de Chegaga ou nous dormirons une nuit dans une tente berbère.
Notre guide est tout jeune et plein d’entrain. Il a un immense foulard blanc autour de la tête. 22 tours! Il se lie d’amitié avec Denis qu’il surnomme Alibaba et l’un, l’autre se taquine tout au long du chemin.

Nous arrêtons quelques minutes dans un oasis… De l’eau, des palmiers, des libellules et des grenouilles!!!! Tout autour? De la roche, du sable, rien. C’est tout petit, à peine quelques mètres carrés. Des gens se prélassent sous les palmiers et quelques chèvres cherchent de l’herbe à brouter. C’est LA définition même d’un oasis.
Finalement, nous arrivons au campement vers 17h. Il y a d’autres touristes. Nous discutons de chose et autre et je réussis même à convaincre Alibaba de monter sur une dune pour regarder le coucher du soleil! Le soir, nous mangeons une grosse tagine et les guides font de la musique berbère autour du feu.


De retour en ville (Mhamid) nous partons pour Ouarzazate, connu pour ses studios de film. C’est ici qu’ils tournent les films avec image du désert : Momy, Gladiator, Game of Throne, Astérix et Cléopatre etc… Nous visitons les studios. Malheureusement, aucune explication sur des pancartes ici, si on en veut, on doit prendre un guide… et naturellement négocier le prix. Le soir, nous mangeons une tagine…

Aujourd’hui, grosse journée, nous partons pour Agoudal, un village dans les montagnes de l’Atlas. Nous passons par les gorges de Toudgha. C’est splendide! La route suit la rivière et il y a même de l’eau! Au Maroc, il y a une distinction entre une rivière et un oued. Une rivière? Ça coule. Un oued? C’est un potentiel de rivière, s’il pleut. Sinon, c’est sec. Dans cette gorge, c’est vraiment une rivière, pour l’instant. Nous arrivons à Agoudal, tout petit village et trouvons un endroit pour dormir. Nous passerons deux nuits ici. Il fait froid!!! Nous mettons nos manteaux, le poêle à bois chauffe la maison. La nuit, la température descend à 9C…


Le lendemain nous partons visiter une grotte. Notre Alibaba reste dans l’auto car nous devons marcher un kilomètre et monter de 400 mètres pour arriver à la grotte. La grotte est belle mais rien comparé aux grottes du Laos. Le sentier par contre était magnifique. Il y a même une petite chute d’eau! La route est très cabosseuse et notre petit Panda est tout plein de poussière. Le soir nous mangeons une tagine….
Aujourd’hui, départ vers Beni Mellal, la dernière destination d’Alibaba. Nous roulons toute la journée dans les montagnes et diminuons en altitude tranquillement. La température grimpe. Nous passons de 9C le matin à 36C à Beni Mellal! Nous trouvons un petit hôtel au centre-ville. Il y a l’air climatisé… mais aucune poubelle dans la chambre, allez savoir pourquoi. Ce soir : pas de tagine!!!! Nous allons dans un restaurant italien. La tagine, c’est bon mais après 50, on commence à en avoir marre. Là vous allez me demander pourquoi nous ne mangeons pas de couscous? Le couscous ici c’est seulement le vendredi!
Nous laissons Alibaba à l’hôtel de l’aéroport et repartons vers Agadir par l’autoroute. Elle est superbe, toute neuve. Payante par contre mais ça vaut le cout pour faire 500 km dans une journée. Nous avons hâte de retrouver le bateau et la marina. Interdiction de manger de la tagine pour 1 mois!
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